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Les secrets des émaux dans les bijoux anciens et vintage (1850–1970)

  • Photo du rédacteur: Anne Hartmann
    Anne Hartmann
  • 13 oct.
  • 4 min de lecture

L’émail, une alchimie entre feu, métal et couleur


Technique de l'émail - bijoux

Peu de techniques incarnent aussi bien la rencontre entre art et chimie que l’émail. Ce travail est connu depuis l’Antiquité mais selon les époques et les lieux, les artistes n’ont pas toujours utilisé la même technique d’émaillage. Depuis le XIXᵉ siècle, il transforme le bijou en véritable tableau miniature, jouant avec la lumière et la couleur. Qu’il soit translucide ou opaque, l’émail attire le regard par sa profondeur et son éclat unique. Dans les bijoux anciens, il raconte aussi une époque : les goûts, les symboles et les prouesses des artisans joailliers.



Qu’est-ce que l’émail ?


L’émail est une fine poudre de verre colorée, fondue à haute température sur une base métallique — or, argent ou cuivre. Sa cuisson, parfois répétée plusieurs fois, exige une précision extrême : un degré de trop, et le décor se fissure ou perd sa teinte. Bien que sa surface soit brillante, résistante et d’une intensité chromatique inimitable, sa fragilité, en revanche, en fait une matière exigeante. Chaque couleur répond à sa propre composition chimique. L'addition à un "fondant" incolore d’oxydes métalliques permet en effet l'obtention d'une palette très variée de couleur : manganèse = jaune, cuivre = du bleu au vert et même rouge ; étain = opacité ; cobalt = bleu, gris, mauve et lavande. D’un atelier à l’autre, chaque recette reste un secret bien gardé. Toutes les couleurs ne cuisant pas aux mêmes températures, il est impératif de commencer par les couleurs nécessitant les températures les plus élevées et de terminer par celles exigeant les plus basses.



Les grandes techniques d’émail dans la bijouterie ancienne


Entre 1850 et 1970, l’émail devient un terrain d’expérimentation artistique pour les bijoutiers européens. De la miniature romantique du Second Empire aux broches modernistes de l’après-guerre, il accompagne les grands styles de la joaillerie :


Bracelet Napoléon III émail et diamants - Leclere
Bracelet Napoléon III - ©Leclere


  • L’émail champlevé : le métal est creusé pour y déposer l’émail. Des polissages successifs éliminent alors l’émail excédentaire et redonnent à la pièce le poli nécessaire.

    Très prisé sous le Second Empire, il orne souvent les bijoux sentimentaux ou religieux.




Boucles d'oreilles émail - Alexis Falize - Osenat OVV
Boucles d'oreilles. Alexis Falize. ©Osenat OVV



  • L’émail cloisonné : des fils d’or ou d’argent délimitent les contours d’un motif créant ainsi un réseau de parois qui

    maintiennent l’émail de façon précise à la place souhaitée. Cette technique, héritée de l’Antiquité, connaît un renouveau à la fin du XIXᵉ siècle, notamment chez les joailliers inspirés par le Japonisme.




Broche XIX émail peint portrait feminin - Pestel-Debord
Broche émail peint. ©Pestel-Debord
  • L’émail peint : cette technique apparaît dans la seconde moitié du 15e siècle et coïncide avec le développement de la Renaissance en France. Appliqué au pinceau en couches successives, il permet un rendu pictural d’une grande finesse avec l'apposition possible de minces feuilles d’or ou d’argent, appelées « paillons », noyées dans l’émail, conférant à la couleur un éclat particulier. Ces émaux se retrouvent notamment sur des représentations portraits féminins, bouquets de fleurs ou allégories.


Femme Papillon broche Eugène Feuillâtre - HVMC
Broche "femme papillon. Eugène Feuillâtre ©HVMC


  • Le plique-à-jour : La plaque de métal est percée de part en part à l’endroit des surfaces colorées. L’émail est logé dans ces ouvertures et demeure, après cuisson, apparent sur l’endroit et l’envers de la plaque créant une transparence lumineuse proche du vitrail. René Lalique et les maîtres de l’Art Nouveau en feront leur signature.



Broche coeur diamants et émail guilloché. Christie's
Broche coeur. Fabergé. ©Christie's



  • L’émail guilloché : popularisé par Fabergé, il associe une gravure fine (le guilloché) à un émail translucide, qui laisse vibrer la lumière à travers le motif. Dans les années 1920–1930, il s’impose dans les bijoux Art Déco.



Broche émail grisaille. Auktionshaus Stahl
Broche portrait féminin. ©Auktionshaus Stahl


  • La grisaille. Spécialité des émailleurs limousins de la Renaissance et dérivée de l’émail peint, elle consiste à superposer un émail blanc sur un fond noir permettant de créer des effets de clair-obscur. Par l'application de ces couches successives d'émail blanc, l’artiste obtient une gamme très étendue de gris, qui convient admirablement à l’art du portrait.




L’évolution du goût : de l’émotion victorienne à la modernité colorée


À partir de 1850, l’émail devient un langage du cœur. Les bijoux de deuil victoriens, souvent noirs ou violets, utilisent l’émail pour exprimer la perte et la mémoire. Les bagues sentimentales et médaillons émaillés gardent une dimension intime.

Vers 1900, l’Art Nouveau célèbre la nature et le rêve : libellules, orchidées et nymphes se parent de plique-à-jour irisés. L’émail devient lumineux, vivant, mouvant, presque organique. Quelques années plus tard, l’Art Déco impose l’ordre et la géométrie : émaux guillochés, tons contrastés et symétrie parfaite. L’émail souligne alors la rigueur moderne des lignes.

Dans les années 1950 à 1970, la bijouterie vintage s’en empare à nouveau, dans un esprit plus libre : clips animaliers, bracelets colorés, broches italiennes aux tons vifs, créations scandinaves mêlant argent et émaux mats. L’émail devient un symbole de modernité joyeuse.

Broche émail nénuphar Art Nouveau. Henry's Auktionshaus
Broche Art Nouveau. ©Henry's Auktionshaus
Bracelet émail Art Déco. Marchak. Christie's
Bracelet Art déco. Marchak. ©Christie's
Clip tigre émail, diamants. Van Cleef & Arpels. Artcurial
Clip tigre. Van Cleef & Arpels. ©Artcurial

Pourquoi les bijoux émaillés anciens fascinent encore

Bracelet "Jackie". Schlumberger  pour Tiffany & Co. ©Sotheby's
Bracelet "Jackie". Schlumberger pour Tiffany & Co. ©Sotheby's

Les maisons telles que Bulgari ou Tiffany possèdent encore certaines collections de créations émaillées. Cependant, la rareté des bijoux anciens séduit les collectionneurs pour leur raffinement technique et leur valeur historique. Leur état de conservation est essentiel : l’émail ne se restaure que très difficilement sans altérer l’œuvre originale. Craquelures, éclats ou retouches influencent donc fortement l’estimation.

Faire expertiser un bijou émaillé, c’est redécouvrir la main d’un artisan, la flamme d’un four et la savoir-faire d’une époque.


Qu’il soit noir et solennel, pastel et poétique ou éclatant de modernité, l’émail reflète la passion de l’orfèvre pour la lumière. Chaque bijou émaillé, ancien ou vintage, porte en lui une part de feu — celui qui a donné vie à sa couleur et à son âme, et Valoria Expertise se tient toujours à votre disposition pour authentifier et valoriser ces bijoux d'exception.


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